G
Comme Guerre de Vendée
Les
conflits entre les peuples sont un reflet
De
notre propre conflit intérieur et de notre peur
Jack Kornfield
Ne
me crains pas
Ne
tombe pas dans la rancune de nouveau ;
Secoue
ce mot, le mien qui vient de te blesser
Puis
laisse-le s’envoler par la fenêtre ouverte.
Pablo Néruda
Guerre de Vendée ; nom donné à la guerre civile qui opposa,
dans l'Ouest de la France, les Républicains (bleus) aux Royalistes (blancs),
entre l'An I et l'An IV (1793 et 1796) pendant la Révolution française.
C’est de cette Histoire (avec un grand
H) dont je vais vous parler aujourd’hui, car mes Ancêtres DAVID (et RICHARD)
l’ont certainement vécu de près ou de loin.
En 1789, la France est une monarchie ancienne et puissante. Les rois
ont établi définitivement leur pouvoir sur l’ensemble du pays, et certains
d’entre eux, comme François Ier et Louis XIV ont réussi à développer les
fonctions royales. Le pays est, Russie exceptée, le plus peuplé d’Europe, avec
près de 28 millions d’habitants et, tout au long du XVIIIème siècle, il a connu
un enrichissement continu qui a profité à tous, même si les inégalités sont
criantes.
Avec la déclaration des droits de l’homme, les sujets du roi de France
sont désormais des citoyens ; ils ont des droits à revendiquer et de
libertés à exercer. Les royalistes contre attaquent.
Les espoirs de réforme semblent
permis ; jusque dans les plus petites bourgades, des groupes se
constituent pour exprimer le désir de changement.
Une
nouvelle fonction apparaît en France, celle de Député. Tout doit être inventé.
Les tensions sont très vives entre ces
hommes venus de toute la France pour une assemblée dont ils n’attendent pas
tous la même chose. Le roi veut de nouveaux impôts, les roturiers attendent une
constitution, les grands seigneurs veulent garder leurs prérogatives, les curés
de campagne entendent améliorer leur sort par rapport aux évêques et aux
religieux.
L’Assemblée nationale entreprend une
série importante de réformes dont une des premières est l’abolition des privilèges
et des distinctions juridiques.
Tout le pays participe à la Révolution. Les
évènements parisiens ont été attentivement suivis par les Français, qui les
apprenaient avec retard et souvent avec de nombreuses déformations. En juillet
1789, les campagnes sont ainsi agitées par une panique collective qui fait
craindre l’arrivée des « brigands », des Anglais, panique entraînant
des flambées de colère rurale contre les seigneurs locaux.
Les
impôts disparaissent et sont remplacés
par des contributions parfois plus lourdes encore pour les paysans qui
espéraient tout simplement en être totalement dispensés.
Tous les cadres de vie auxquels les
ruraux étaient habitués viennent de changer en deux années. A cette époque, dans l’Ouest de la France, les bourgs
des campagnes et bien entendu les villes, petites et grandes, sont habités par
des populations le plus souvent fort différentes des populations paysannes.
Tout les oppose. A commencer par les revenus ; les habitants des bourgs
vivent de la location des terres, de services rendus, comme les notaires.
Ensuite, les modes de vie et même les croyances personnelles et
collectives ; dans le domaine religieux, les citadins sont souvent
critiques envers le curé, mais pratiquent une religion austère. Les ruraux, plus
soumis à l’influence du curé, conservent pourtant des pratiques quasi magiques,
que les curés doivent accepter faute de pouvoir les interdire.
En règle générale, dans l’Ouest comme
dans tout le pays, les ruraux sont incompris des citadins.
Les
paysans ne veulent pas être les laissés pour compte de la Révolution. Ils
interviennent dans le débat politique en demandant que leurs revendications
élémentaires soient entendues.
A
partir de 1791 les paysans de l’Ouest sont mécontents de l’augmentation des
impôts nouvellement créés. La Révolution
ne profite guère à ces derniers, qui avaient confusément placé beaucoup
d’espoirs en elle.
Dans l’Ouest surtout, une autre source
de querelles naît des bouleversements religieux.
Les
curés qui n’ont pas prêté serment, appelés pour cela « insermentés »
ou « réfractaires » perdent progressivement le droit de célébrer le
culte, doivent abandonner leurs paroisses et sont remplacés par ceux qui ont
satisfait aux exigences de l’Etat, les « assermentés », ou
« jureurs ». Dans les paroisses rurales, les fidèles soutiennent le
curé auquel ils étaient habitués et craignent que le nouveau ne garantisse pas
la valeur des sacrements qui permettent l’accès à la vie éternelle.
Dans le courant de 1792, les compagnes sont parcourues la nuit par des
processions de fidèles qui refusent le culte officiel. La Révolution provoque
une opposition rurale particulièrement vive dans l’Ouest. Les tensions vont
augmenter régulièrement entre 1791 et 1972 pour aboutir à la lutte ouverte.
La
chute de la royauté après le 10 août 1792, puis la mort du roi, guillotiné le
21 janvier 1793, aggravent les ressentiments à l’égard de la Révolution. Si ces
deux évènements ne provoquent pas encore d’émeutes ni de mouvements populaires,
c’est que les révolutionnaires exercent une surveillance d’autant plus stricte
qu’ils sont en guerre depuis avril 1972 contre la Prusse et l’Autriche, et
qu’ils craignent que l’effort de guerre ne soit compromis par les trahisons des
contre révolutionnaires, ces ennemis de l’intérieur.
Pour la majorité des paysans, la lutte
politique passe au second plan, après les intérêts locaux.
En février 1793, une levée de 300 000 hommes est décidée. Il
s’agit de recruter dans toute la France, de nouveaux soldats tirés au sort
parmi les célibataires de chaque commune. Ce procédé rappelle ceux déjà
employés par la royauté, et que les paysans ne supportaient que
difficilement. Cette contrainte est
doublement inacceptable pour les paysans qui refusent de « tirer »
pour la Révolution. Si
bien que, de la région du Nord à celle de Toulouse, en passant par la
Bourgogne, l’Orléanais et jusqu’en Alsace, des émeutes, de véritables
insurrections éclatent.
Les émeutiers portent des cocardes
blanches et réclament la fin de la
Révolution.
Au
début de mars 1793 des rassemblements ont lieu à CHOLET. Les gardes nationaux, ceux que l’on appelle
les Bleus, à cause de la couleur de leur uniforme, tuent une dizaine de paysans
en dispersant la foule.
Des
émeutes analogues ont lieu dans de petites communes au cœur du département de
la Vendée, mais elles sont vite
circonscrites. Quelques jours plus tard, vers le 10 mars, la situation est plus
critique. En Bretagne, des paysans se lèvent encore, et en bandes armées,
s’opposent aux patriotes ruraux. Dans tous les cas, la lutte est très inégale.
Des campagnes, arrivent des centaines,
voire des milliers de paysans, tandis que dans les petites villes, il n’y a que
quelques dizaines, tout au plus quelques centaines de partisans de la Révolution. La marée paysanne armée de
bâtons, de faux retournées ou de broches à rôtir ne peut être arrêtée par une
si faible résistance.
La répression va alors commencer ?
Dans
le Finistère, le général Canclaux, qui commande à Brest, conduit une colonne
armée. Celle-ci écrase les paysans révoltés. Les principaux meneurs sont
exécutés, les communes fautives lourdement taxées. La punition est impitoyable
et délibérée. Il faut empêcher l’insurrection de se répandre. L’ordre est rétabli dès la fin du mois de
mars. L’efficacité de ces méthodes est incontestable. Dans toute la Bretagne la
leçon porte. Le mécontentement ne disparaît pas, mais le succès de la
répression empêche la poursuite de la révolte.
Au sud de Nantes et d’Angers, des
émeutes particulièrement graves éclatent.
Sous
l’autorité d’un voiturier, Jacques Cathelineau et d’un garde chasse, Stofflet,
plusieurs milliers de ruraux s’emparent de Saint Florent le Vieil en mars 1793.
Avec l’aide d’anciens militaires, d’autres envahissent Cholet qui n’était
défendu que par 400 hommes. A Machecoul, venus de toutes les communes
environnantes, ils submergent les patriotes. La situation est critique.
La
survie même de la Révolution parait en jeu, puisque de tous les points cardinaux,
les mauvaises nouvelles affluent.
Une
colonne armée de 3000 hommes, dont la moitié de soldats de métiers, part de La
Rochelle pour rejoindre Nantes et écraser définitivement les révoltés. Dès son
arrivée en Vendée, elle repousse sans problème les premiers groupes de rebelles
qu’elle rencontre. Mais le 19 mars 1793, non loin de Saint Vincent Sterlanges,
tandis que les paysans se tiennent sur les hauteurs, pris sous le feu sans
pouvoir répliquer, les soldats se débandent et fuient. La défaite est complète. Elle est surtout
inexplicable. Comment une armée de métier a-t-elle pu être repoussée par des
paysans sans armes ?
La peur de la Vendée, de ces paysans
bizarrement vainqueurs, est aussitôt répandue.
Le
repli désordonné de la colonne armée laisse le champ libre aux autres révoltés
qui viennent de s’emparer des villes de Cholet et de Machecoul.
Cette
petite défaite prend ainsi des proportions considérables. Elle laisse une
région échapper au contrôle républicain. La peur des révolutionnaires identifie
cette révolte non réprimée à la menace interne la plus grave qui pèse sur le
pays.
C’est
en pensant d’abord à ces « rebelles de la Vendée et des Départements
Voisins » que le 19 mars, la Convention prend un décret instituant la
peine capitale sous vingt quatre heures pour toutes les personnes prise les
armes à la main, ou porteuse de cocardes blanches ; le blanc, couleur du
roi, symbolise l’opposition à la Révolution ; il donnera son nom aux
combattants.
Des bords de la Loire jusqu’aux portes
de Fontenay le Comte, des Sables d’Olonne jusqu’à Saumur, la révolte paysanne
interdit à l’administration républicaine de s’exercer.
La suite de cet article à la
lettre « V comme Vendée Déchirée »
Sources
« Blancs
et Bleus dans la
Vendée Déchirée » ; Jean-Clément MARTIN éditions
Découvertes Gallimard ; Wikipédia ; Offrandes et
Révélations - 365 pensées de sages bouddhistes et d’Amérique latine de Danielle et Olivier FOLLMI
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