V
Comme Vendée Déchirée
La
terre est mère de tout ce qui est animé,
Le
lien commun des générations passées, présentes et à venir.
Peuple Gikuyu (Afrique)
Sans
amour à la terre,
Nous
n’avons pas de place au ciel.
Propos du Peuple Aymara (Andes)
Vendée (prononcé [vɑ̃.de ])
Département français traversé par la
rivière éponyme, affluent de la Sèvre niortaise.
Situé dans la région des Pays de la
Loire et dans la province historique du Poitou, le département correspondant à
l'ancien Bas-Poitou.
L'Insee et la Poste lui attribuent le
code 85.
Sa préfecture est La Roche-sur-Yon.
Le
nom de Vendée est issu du nom d'une rivière, dont la forme originelle
devait être *Vindeda « la blanche », dérivé du gaulois
(celtique) uindos signifiant « blanc », voire
« heureux »
Première moitié du XIXe siècle : un bijou stylisé auquel on vient d'ajouter une croix. Sa référence discrète à l'histoire et sa popularité en font une caractéristique régionale, "les coeurs vendéens", sans lier sa lecture à un événement passé
Deuxième moitié du siècle : différentes interprétations du bijou, comme celui-ci, tentent de rendre sa signification univoque.
1943 : le département de la Vendée adopte les cœurs vendéens comme meuble héraldique caractéristique de son blason.
1989 : le blason engendre un logo dont le
succès confirme le choix. ..
Mais suscite aussi un contre-projet (existe en bleu et en rouge).
La Vendée est célèbre dans l'Histoire de
France pour les Guerres de Vendée durant la Révolution. Elle
vit en effet s'affronter paysans insurgés (les Blancs) et armées
révolutionnaires (les Bleus) pendant plusieurs années, en un conflit qui fut la
cause de centaines de milliers de morts et qui marqua durablement l'imaginaire
vendéen.
Les troupes vendéennes sont composées de soldats paysans, les
combattants n’ont pas d’uniformes. Beaucoup d’entre eux sont d’habiles
chasseurs, qualité précieuses dans cette guerre. Ils partent au combat avec une
ration de pain pour quelques jours, sans équipement. La nuit ils dorment à même
le sol, les repas sont composés de ce qui est pris sur place.
L’imagerie a popularisé la silhouette du paysan vendéen
en sabots, ou pieds nus, avec le chapeau de feutre sur la tête, le Sacré Cœur
et la cuillère accrochés sur la veste de laine,
la longue canardière à la main.
La
lutte contre les républicains s’opère surtout en utilisant la masse des
combattants. Evoluant sur un territoire mal délimité, avec des troupes
incertaines, l’armée vendéenne est dirigée par des chefs qui ont des rôles
imprécis.
Dans cette improvisation totale, les rivalités entre les chefs sont
grandes.
Les
objectifs du conseil et des chefs militaires sont exprimés par la devise
« Dieu et le Roi » qui fleurit sur les bannières de l’armée.
Malgré
leur isolement et la faiblesse de leur armée, les Blancs vont de victoire en
victoire, entre mars et septembre 1793.
Pourtant
leur réussite n’est jamais définitive. Ils ne peuvent garantir leurs conquêtes.
Pour
les révolutionnaires, les victoires vendéennes sont inexplicables. Ils ne comprennent
pas que des paysans mal armés aient pu résister pendant plus de six mois aux
troupes envoyées contre eux, alors que pendant le même temps, les soldats de
l’Europe entière étaient tenus en échec par ces mêmes troupes révolutionnaires.
La
force de ces grandes masses de paysans, leur courage auraient dû être
neutralisés par les troupes républicaines qui comptaient aussi des soldats
valeureux.
Tout
le pays se mobilise ; le choix est radical et désespéré ; « Il
faut vaincre ou mourir ». Depuis le début de la guerre, les moyens les
plus violents ont été réclamés contre les vendéens. A partir de juin 1793, avec
la victoire des Montagnards (les révolutionnaires les plus déterminés appuyés
par les sans culottes parisiens) des mesures sont prises pour anéantir la
Vendée.
A la Convention, Barère tient les discours les plus alarmants. A partir
d’août, le principe de la destruction de la Vendée est accepté.
Il
faut brûler le pays, couper les haies, déporter les habitants. Des colonnes
armées commencent à appliquer ce programme dans le sud du département de la
Vendée.
Les
habitants patriotes sont poussés hors de la région et doivent se réfugier dans
les zones favorables à la
République. Cet exode forcé permet de faire la distinction
entre rebelles et républicains.
Le département Vendée devient le
département Vengé.
Les
vendéens, divisés, car les troupes de Charrette ne se joignent plus au reste,
sont incapables de résister à l’énorme pression exercée sur eux. Ils se
replient au nord de Cholet, où ils affrontent les troupes républicaines le 17
octobre. Contrainte d’abandonner la rive
gauche de la Loire, l’armée vendéenne dans un mouvement impulsif, traverse le
fleuve autour de Saint Florent pour se diriger vers la Bretagne et le Maine.
Pour les républicains, cette traversée de la Loire par les troupes
vendéennes apparait comme une victoire. Ils ne tardent pas à déchanter.
En
effet, entre 60 000 et 100 000 personnes, hommes femmes et enfants
partent pour un long périple « la viré
de Galerne ». La colonne s’étire sur plusieurs kilomètres protégée
par 30 000 à 40 000 combattants. Les troupes républicaines, trop
faibles, mal coordonnées, mal commandées, ne peuvent empêcher l’avance des
Vendéens, qui traversent Le Mans, Laval, Fougères.
Au
départ de la Vendée, certains généraux
voulaient marcher sur Paris, d’autres voulaient rallier les Bretons
engagés dans la Chouannerie, et les Anglais qui effectuaient des raids sur la côte. C’est ce parti qui
est pris. Mais tout ne se passe pas comme prévu. Les appuis escomptés se
dérobent, les Anglais qui devaient venir les appuyer ne sont pas au
rendez-vous.
L’armée
murmure contre les chefs qui l’ont amenée là ; la méfiance désunit les
Vendéens. Ils n’écoutent plus leurs chefs qui voudraient les maintenir sur
place, et rebroussent chemin.
Le retour des Vendéens est infiniment
plus dramatique que l’aller.
Les
républicains ont eu le temps de se regrouper. Les vendéens espèrent franchir la
Loire à Angers. Mais la défense de la ville est bien organisée. Ils sont
repoussés à l’intérieur des terres. Leur errance les conduit à la Flèche. Talonnés
par les républicains, ils pénètrent au Mans, où ils s’arrêtent, épuisés.
Les républicains pénètrent à
leur tour dans la ville, et après une nuit et une journée entières de combats
emportent la victoire. Les
Vendéens s’enfuient vers le nord, tournant le dos à leur
destination. Dix mille personnes au moins trouvent la mort dans les combats et
dans la répression qui suit. Les vainqueurs ne font plus aucun quartier, et les
paysans de la région, par peur des diverses épidémies dont les Vendéens sont
porteurs ou par conviction républicaine
s’acharnent contre eux.
Pourtant
quelques milliers d’entre eux réussissent à franchir la Loire. Il faut fuir.
Suivis et harcelés par l’armée républicaine, les Vendéens repartent vers
l’ouest. Entourés par les armées républicaines, fatigués, affaiblis par les
départs de petits groupes qui tentent leur chance séparément en Bretagne, en
Mayenne, ils ont écrasés le 23 décembre 1793. Les survivants faits prisonniers
sont exécutés dans les jours qui suivent.
La destruction des armées catholiques et
royales ne laisse plus dans la région que des bandes de quelques centaines,
quelques milliers d’hommes tout au plus battant la campagne.
Depuis la fin de 1793, Robespierre et le
Comité de salut public ont établi la Terreur. A Nantes
et en Vendée, elle se traduira par les noyades et les colonnes infernales.
Mais
noyades et colonnes infernales n’ont pas détruit la Vendée. Au contraire,
elles en ont provoqué la renaissance.
De
véritables armées vendéennes se recomposent ainsi autour de quatre chefs
principaux ; Charrette, Stofflet, Sapinaud, Marigny.
Pendant
que la Vendée sort renforcée de la douloureuse expérience de la Terreur, la
République connaît des difficultés
grandissantes.
En février 1795, les Vendéens de l’armée
de Charrette et les républicains entament des négociations dans le petit
château de la Jaunaye aux portes de Nantes.
Les
discussions sont rudes. Les uns et les autres ont besoin de la paix, mais la
veulent au moindre prix. Les Vendéens doivent reconnaître la république. Les
républicains s’engagent à laisser libre le culte des prêtres réfractaires, à ne
pas lever de soldats ni d’impôts pendant 10 ans, à accepter que les soldats
vendéens soient chargés du maintien de l’ordre dans la région.
Dans
les semaines qui suivent, les Vendéens de Sapinaud signent la paix, tandis que
les Chouans de Bretagne acceptent des négociations analogues à la Mabilais
auprès de Rennes.
Mais
Stofflet et une partie des officiers de Charrette refusent cette paix qu’ils
jugent insultante.
Traité
d'amnistie signé par les représentants du peuple près les armées de l'Ouest
pour la pacification de la Vendée.
La
guerre continue donc dans les Mauges. Elle ne durera pas, Charrette, et les
Vendéens pacifiés prêtent discrètement la main aux républicains qui obligent
Stofflet à signer lui aussi la paix à Saint Florent en mai 1795.
La Vendée Brisée
Désastre individuel, désastre collectif,
l’Ouest pleure ses morts.
Pendant
que les Vendéens connaissent une paix relative au milieu de l’année 1795, les
émigrés continuent la guerre. Les Frères
de Louis XVI, le comte de Provence et le comte d’Artois, vivent en exil. Le
ministère anglais dirigé par Pitt et le comte d’Artois, qui veut mener depuis
l’Angleterre la reconquête de la France mettent sur pied une grande expédition
navale pour faire débarquer des troupes franco-anglaises en Bretagne.
L’opération
marque vraiment la reprise de la guerre. Alors
que les républicains sont occupés par le débarquement de Quiberon, Charrette
reçoit des armes et des munitions transportés par des bâtiments anglais.
Le comte d’Artois le confirme dans son grade
de commandant en chef de l’armée, et lui promet en outre de venir en Vendée se
mettre à la tête de ses troupes.
La
guerre qui se déroule alors est encore différente des précédentes.
Charrette
a imposé cette reprise des combats et en a profité pour resserrer son autorité
sur ses hommes. Mais il n’est pas suivi par les autres chefs vendéens,
notamment Stofflet qui reste obstinément en paix dans le Mauges.
Les
paysans suivent Charrette sans trop d’enthousiasme. Enfin Charrette n’est finalement
pas soutenu par le comte d’Artois.
L’arrivée de Hoche au commandement
suprême de l’armée de l’Ouest marque un tournant capital.
Le
jeune général adopte des positions inédites vis-à-vis de la Vendée. Il fait la
différence entre les chefs vendéens et leur idéologie contre révolutionnaire
d’une part, et les paysans et leur désir
de maintenir les habitudes sociales et religieuses d’autre part.
A
ces derniers, il propose une amnistie s’ils déposent leur armes et il laisse
libre l’exercice du culte ; en revanche, contre les chefs, il continue une
guerre implacable.
Abandonnés par la plupart de leurs hommes, ne disposant plus de
cantonnements, errant de cache en cache, à la tête de quelques centaines de
fidèles aux mieux, Charrette et Stofflet (ce dernier à la suite de pressions
exercées sur lui s’est lancé à nouveau dans la guerre) sont à la merci d’une dénonciation, du hasard
d’une embuscade. Ils seront finalement tous deux capturés et fusillés.
La guerre s’achève donc en 1796 avec la
disparition des principaux chefs vendéens. La paix revient difficilement.
Les
combats, les massacres ne s’oublient pas. Les populations qui ont pris le parti
des révolutionnaires sont mal acceptées en Vendée, et des règlements de
comptes, des assassinats auront lieu pendant plusieurs années encore. Les
administrateurs républicains contrôlent difficilement la région, dont certains
cantons échappent complètement à leur emprise. L’économie se remet pourtant en
place vigoureusement, permettant la reconstitution d’une paysannerie forte et
homogène.
L’aventure guerrière est terminée, mais
la Vendée demeure.
Le
souvenir n’a pas disparu avec les combattants. Entretenue par les luttes
érudites, par les attaques politiques, notamment sous la IIIème république, la
mémoire de la guerre, même à la fin du XXème siècle, continue d’alimenter les
passions.
La
Vendée du souvenir, c’est le rappel des
noms des Blancs dans les plaques des rues, c’est l’existence d’une
tradition orale qui n’a oublié ni les martyrs ni les combattants. L’oubli est
définitif sur les raisons qui ont poussé les paysans à se révolter contre la
Révolution, et sur les causes qui ont isolé la Vendée du reste du pays. Seule
est restée l’idée d’une région à part, d’une population particulière née l’une
et l’autre d’une guerre inexpiable.
Je ne sais pas si mes Ancêtres Vendéens
étaient du côté des Blancs ou des Bleus. Ils étaient avant tout des hommes et
des femmes qui luttaient pour leurs convictions, qu’elles soient bonnes ou
mauvaises aux yeux des uns ou des autres.
Ils ont survécu à tout cela, et c’est
pour cela que je peux aujourd’hui vous
parler.
J’essaye à ma manière de parler d’eux,
de retracer leur histoire, et de leur rendre hommage !
Sources textes et illustrations.
« Blancs et Bleus dans la Vendée Déchirée »
- Jean-Clément MARTIN Editions Découvertes Gallimard ; Archives départementales de Vendée « Guerres de
Vendée » ; Wikipédia ; Origines et Révélations - 365 pensées de sages africains et d’Amérique latine– Danielle et Olivier FOLLMI
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