J
Comme JUMEAUX ou JUMELLES
Des
esprits de bons enfants vivent
Dans
un arbre en attendant de naître.
Les
jours ordinaires, les jeunes femmes qui désirent des enfants
Viennent
s’asseoir à son ombre.
Achebe Chinua.
JUMEAUX –
JUMELLES - Variante
en ancien français de gémeau,
du latin gemellus, passé à jumeau par labialisation de é devant m.
Littéralement, le terme jumeau se réfère à tous
les individus (ou l'un de ceux-ci) qui ont partagé le même utérus au cours
d'une même gestation. Les triplés (ou quadruplés) sont donc 3 (ou 4)
jumeaux. Dans le langage courant, on
parle habituellement de jumeaux pour désigner une double naissance.
Dans mes recherches sur les DAVID, j’ai
trouvé, sur deux générations, des jumeaux ou jumelles. C’est leur histoire que
je vous raconte aujourd’hui.
Plantons
le décor et voyons dans quel contexte vivaient mes ancêtres vendéens.
La
Vendée se remet doucement des années de guerre entre blancs et bleus.
La
lumière est celle du jour, on n’a pas d’eau courante au robinet, ni le tout à
l’égout.
La
notion du temps est liée à celle de la nature, du travail, des pratiques
religieuses.
80
% de la population est rurale, la plupart des gens ne savent ni lire ni écrire.
De
la richesse économique des familles, dépend l’alimentation et donc la
résistance aux maladies et la survie.
François
DAVID laboureur de son état, âgé de 25 ans, natif des Landes sur la Commune de
TREIZE SEPTIERS, s’unit le 28 nivose an V (17 janvier 1797) sur les 7h30 du
matin, devant l’agent municipal de la commune de LA BOISSIERE DE
MONTAIGU à Marie Rose GUERY, âgée de 28 ans, native de ladite
commune.
Marie
Rose a déjà un enfant d’un premier mariage avec Jean PAULEAU (décédé en 1795).
Très
vite après son mariage avec François, Marie Rose tombe enceinte.
Elle donne naissance au village de la Grange d’Asson à
la BOISSIERE DE
MONTAIGU, le 2 Brumaire an VI (23 octobre 1797) sur les 2
heures du soir, à un fils puis aussitôt après, un deuxième.
Ils se prénommeront François et Jean.
Il n’est pas précisé sur les actes de naissance lequel
des deux est né en premier.
« Le
deux brumaire an six de la République Française une et indivisible, sur les
six heures du soir devant moy Launay agent municipal de la Commune la Boissière canton de
Montaigu, département de la Vendée, a comparu François Augustin DAVID,
laboureur, âgé de vingt cinq ans.
Lequel assisté de Pierre DAVID laboureur âgé de
trente quatre ans, demeurant à la Courtinière commune de Treize Septiers et de
Jeanne Guerrais, âgée de trente quatre ans, demeurant en cette commune de la
Boissière, lesquels en conformité de la Loy du vingt septembre mil sept cent
quatre vingt douze, vieux style, m’ont présenté un enfant qui a été reconnu
garçon né de ce jour sur les deux heures du soir du légitime mariage dudit François
Augustin DAVID ci dénommé, et de Rose GUERRAIS âgée de trente un ans, les deux
demeurant à la Grange d’Asson, dans ladite commune de la Boissière.
Lequel enfant
à été nommé François Augustin par ledit Pierre DAVID ici dénommé, oncle de
l’enfant du coté paternel, et par ladite Jeanne GUERRAIS ci dénommée, tante de
l’enfant du côté maternel.
De laquelle
déclaration avons rapporté actes, et ont, les déclarants déclarer ne savoir
signer. Plus un mot retouché valable – Launay agent municipal. »
Pour l’extrait
de Jean, il s’agit sensiblement du même texte, sauf que les personnes assistant
mon aïeul sont Jean DAVID cousin au 4ème degré et Modeste GUERRAIS
tante de l’enfant.
Malheureusement
pour nos deux époux, leurs deux premiers enfants mourront très vite, Jean au
bout de 24 heures, et François au bout de 48 heures. Leurs décès sont constatés
le 4 brumaire an VI.
François
et Marie Rose auront très vite d’autres enfants entre 1798 et 1808
-
Modeste né en
1798
-
François Augustin
né en 1801 mon Aïeul
-
François né en
1802
-
Jean né et décédé
en 1804
-
Céleste née en
1806
Et chose étonnante, de nouveau deux jumeaux ou cette fois-ci plutôt deux
jumelles.
Car les probabilités d’avoir deux fois des jumeaux
sont infimes. Si avoir des jumeaux monozygotes, c’est-à-dire les
"vrais" jumeaux, reste rare (3 naissances pour 1.000 enfants), avoir
des jumeaux dizygotes est plus fréquent, notamment après 35 ans : 5,8
chances sur 1.000 à l’âge de 20 ans, contre 13 après 35 ans. Mais tout dépend
également de plusieurs critères : l’origine, le nombre de bébés déjà eus
L’hérédité compte aussi pour beaucoup : une femme enceinte qui a des
antécédents familiaux de jumeaux a 1 chance sur 58 d’avoir elle-même des
jumeaux, et si c’est son partenaire qui a des antécédents familiaux de jumeaux,
la probabilité passe à 1 chance sur 116.
La deuxième gémellité est moins surprenante :
lorsqu’une femme qui a eu de "faux" jumeaux tombe à nouveau enceinte,
elle a deux fois plus de chances d’attendre à nouveau des jumeaux !
Jeanne
Sophie et Julie Fortunée naissent donc le 18 septembre 1808 aux environs de minuit. Sur l’extrait de Julie, il est indiqué « sur les neuf heures du matin, nous a
présenté un enfant jumeau de sexe
féminin ». Sur l’extrait de Jeanne, ce mot Jumeau n’est pas
indiqué. On peut donc penser que Julie
est née en deuxième.
Elles
mourront toutes deux en 1811 à une journée d’intervalle d’après les extraits de
décès. Sont-elles décédées de maladie, d’un accident, je ne peux le dire ….
« L’an
mil huit cent onze le dix neuf du mois de février à neuf heures du matin, par
devant nous adjoint faisant en l’absence du Maire les fonctions d’officier
public de l’état civil de la commune de la Boissière de Montaigu,
arrondissement de Napoléon, Département de la Vendée, sont comparu Pierre GUERY
cultivateur âgé de soixante neuf ans, et Louis BONNEAU cultivateur, âgé de
cinquante cinq ans. Lesquels nous ont déclaré que hier à neuf heures du matin est décédée à la Métairie de la Cossonnière Jeanne Séraphine âgée de deux ans,
fille de François DAVID et de Marie GUERY, son épouse, Lesquels après qu’il
leur en a été faite lecture ont déclaré ne pas savoir avec nous signé le
présent acte. »
Je note que sur cet extrait de décès Jeanne se
prénomme également Séraphine, alors que sur son extrait de naissance elle se
prénomme Jeanne Sophie. Les officiers de l’Etat civil n’étaient pas très regardants
à l’époque sur l’orthographe des noms et prénoms.
L’extrait de décès de Julie est à peu près le même,
les déclarants sont Jacques GIRARD cultivateur âgé de 48 ans et Jacques GRIFFON
également cultivateur âgé de 50 ans.
Julie est décédée le 19 février 1811 à 10 heures du matin.
Je
retrouve à nouveau des jumeaux deux générations après François et Marie Rose.
Leur
fils, François Augustin né en 1801 (mon aïeul) s’est marié à son tour et a eu plusieurs
enfants dont Louis né en 1841.
Louis
DAVID et Victoire MERLET, qui se sont
mariés le 26 janvier 1869, à La BOISSIERE DE
MONTAIGU, donneront naissance à Victoire et Armand, nés le 28
mars 1880. Cette fois-ci je sais qu’Armand est né à 9 heures du matin, et
Victoire à 9h30 du matin.
Armand
décédera trois mois après le 29 juin 1880
Victoire
quant à elle, se mariera avec Louis GREAU le 29 mai 1906 et décédera en 1966 à
l’âge de 86 ans.
Je
n’ai pas rencontré pas d’autres jumeaux ou jumelles dans cette famille DAVID.
Sur
les neuf enfants qu’ont eu François et Marie Rose, cinq sont décédés en bas âge
dont les quatre jumeaux.
La
vie de l’époque était déjà difficile pour tous, et surtout pour les enfants,
alors pour des jumeaux nés peut-être prématurément, c’était encore plus dur.
Le
taux de natalité des enfants au XVIIIème siècle était de 40 pour 1000 alors
qu’il est aujourd’hui de 14 pour 1000.
Sources
Archives
famille DAVID (archives Vendée) ;
Wikipédia ; Origines 365 pensées de sages Africains de Danielle et
Olivier FOLLMI
A
lire – La Naissance de la Revue française de Généalogie -
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